Pour aller droit au but, la blockchain n’est pas morte. La blockchain est une technologie vieille de plusieurs décennies qui a des applications très spécifiques. Le Web3, était sans doute mort-né.
Entre fin 2021 et début 2022, le Web3 a été annoncé comme l’avenir d’Internet et de nombreux secteurs, des services financiers à la logistique. Pourtant, à peine 12 mois plus tard, le concept est tombé dans l’oubli ou employé seulement comme synonyme marketing du terme de blockchain.
À l’heure où nous écrivons cet article, la blockchain et le Web3 sont tous les deux en chute libre dans les statistiques de recherche selon Google Trends.
L’expression Web 2.0, ou Web2, remonte à 2001 et nous vient de Tim Berners-Lee, l’informaticien à qui l’on doit l’invention du World Wide Web. Dans les années 90, Tim Berners-Lee a énoncé une grande partie des idées qui allaient par la suite devenir populaires auprès de la communauté des cryptomonnaies : décentralisation, indépendance vis-à-vis de la censure et développement par la base impliquant une large participation et beaucoup d’expérimentation. Des années plus tard, Gavin Wood, cofondateur d’Ethereum, en dérive l’expression Web3 pour décrire un avenir d’Internet reposant largement sur différents usages de la blockchain.
Pour bien comprendre la différence, rappelons que le terme Web 2.0 était employé dans la première décennie du 21e siècle pour décrire un nouveau type de sites web, axés sur la collaboration et la convivialité. Des sites comme Digg, MySpace, Facebook et d’autres formes embryonnaires de réseaux sociaux permettaient aux gens de se rencontrer et d’échanger en ligne, ce qui était totalement inédit à l’époque. Ces sites étaient très différents de la première génération de pages web, dont la création exigeait beaucoup plus d’expertise technique et qui étaient loin d’offrir la convivialité et les connexions de leurs successeurs. Les sites Web1, Geocities et Tripod en tête, sont largement tombés dans l’oubli quand les utilisateurs ont adopté les nouveaux sites sociaux.
Dans ce graphique de Google Trends, vous pouvez voir le pic d’intérêt pour le Web3, suivi d’un rapide déclin.
Si le Web3 comme concept lié à la blockchain et aux cryptomonnaies est entré dans le langage autour de 2014, ce n’est qu’à la fin de 2021 qu’il a connu une véritable ascension, sous l’impulsion de cabinets d’investissement et de médias spécialisés. C’est également à cette période que le concept connexe de « métavers » est apparu, destiné à rester en vogue tout au long de 2022, au pic de la dernière bulle économique. Mais comme nous l’indique Google Trends, l’intérêt Web3 a depuis chuté de façon vertigineuse. L’engouement des médias pour le Web3 s’est manifesté à une période où le cours du Bitcoin et des cryptomonnaies en général atteignait des sommets, où les NFT étaient devenus très populaires, notamment grâce aux publicités diffusées par FTX pendant le Super Bowl (FTX qui, rappelons-le, a fait faillite en perdant des milliards de dollars à l’automne 2022).
Resté célèbre, ce clip avec Larry David offre une illustration parfaite de la frénésie de dépenses publicitaires qui s’est emparée du Web3 dès la fin de 2021, pour s’assécher très rapidement avant la fin de l’année suivante.
Les blockchains existent depuis des dizaines d’années. Cette technologie n’a rien de nouveau, même si le sujet a connu un certain engouement il y a une quinzaine d’années, lorsque Satoshi Nakamoto a utilisé pour la première fois une blockchain comme livre comptable distribué pour le bitcoin, une cryptomonnaie. Si l’article d’origine sur le bitcoin décrivait un système de paiement en ligne, cette monnaie n’est pas parvenue à se généraliser, en grande partie du fait des importantes fluctuations de son cours causées par la spéculation.
En 2017 et 2018, la blockchain est devenue une tendance forte dans l’industrie des services financiers. Ces années-là, de grandes entreprises ont lourdement investi dans ce qu’on considérait alors comme l’avenir de la finance. Malgré ces investissements et l’intérêt manifesté par de nombreux médias, la blockchain ne s’est pas hissée au rang de technologie stratégique pour le secteur financier.
Dans ce graphique de Google Trends, nous pouvons voir le premier engouement suscité par la blockchain en 2017 et 2018, suivi d’un déclin jusqu’à la résurgence du tournant 2021-2022, à la suite de laquelle la baisse d’intérêt a été constante.
La blockchain, comme ses concepts connexes de chaîne de hash, d’arbre de Merkle et de Sybil, n’est pas fondamentalement liée aux cryptomonnaies. Une blockchain est simplement une structure de données formée uniquement par ajout, un peu comme un tableau auquel les utilisateurs ne pourraient qu’ajouter des lignes, sans jamais en modifier ou en supprimer une seule.
Nicholas Weaver, professeur à l’UC Berkeley, détaille la relation entre cryptomonnaies et blockchains dans cette conférence.
En 2021 et début 2022, le monde a été pris d’assaut par le Web3 et une technologie adossée à la blockchain : les NFT, pour « jetons non fongibles ». Popularisés par le soutien de plusieurs célébrités, les NFT s’annonçaient comme l’avenir de toutes sortes des domaines : l’art, la musique, les cartes à collectionner ou encore l’adhésion aux clubs de golf. Pour dire les choses simplement, un NFT est un identifiant unique enregistré dans une blockchain. Il peut être lié à une URL pointant vers un fichier d’image, mais ce n’est pas une obligation.
Si l’intérêt pour les NFT a rapidement augmenté fin 2021, la tendance a largement disparu peu après, si ce n’est pour un bref retour en décembre 2022. C’est en effet à cette période qu’est parue la collection de NFT Donald Trump, à laquelle on attribue l’éphémère regain d’intérêt pour les NFT aux États-Unis, et qui démontre que les NFT ne sont pas encore enterrés et suscitent l’attention de beaucoup de gens.
Exemples de visuels de la collection de NFT de Donald Trump, selon MarketWatch.
C’est sans doute l’essayiste vidéo Dan Olson qui offre les meilleures ressources pour aborder les NFT. Son documentaire a été publié en janvier 2022, quand le boom des NFT était à son paroxysme. Dans sa vidéo intitulée « Line Goes Up » (La courbe monte), Dan présente les intrications du monde complexe des NFT aux spectateurs.
La tendance Web3 du tournant 2021-2022 était largement due à l’impulsion marketing d’entreprises déterminées à tirer profit de la croissance constante des cryptomonnaies et des NFT. S’il ne faut pas écarter le scénario d’une résurrection du Web3, et si nous ne traversons sans doute qu’un « hiver des cryptos », autrement dit un simple creux dans un cycle, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que le Web3 n’a jamais été beaucoup plus qu’un slogan marketing.
La blockchain et ses technologies connexes resteront utilisées dans des applications hors du champ des cryptomonnaies. L’avenir des NFT et des cryptomonnaies semble d’autant plus fragile que même les célébrités payées pour en faire la promotion ont abandonné la tendance.
Seul le temps nous dira si ce cycle se renouvellera, et si les cryptomonnaies reposant sur la blockchain, ainsi que le Web3, les NFT et sans doute d’autres concepts encore obscurs, deviendront réellement l’avenir de la finance et d’Internet.
Une erreur à signaler ? Une suggestion à faire ? Contactez-nous à l’adresse ssg-blogs@splunk.com.
Cette publication ne représente pas nécessairement la position, les stratégies ou l’opinion de Splunk.
La plateforme Splunk élimine les obstacles qui séparent les données de l'action, pour donner aux équipes d'observabilité, d'IT et de sécurité les moyens de préserver la sécurité, la résilience et le pouvoir d'innovation de leur organisation.
Fondée en 2003, Splunk est une entreprise internationale. Ses plus de 7 500 employés, les Splunkers, ont déjà obtenu plus de 1 020 brevets à ce jour, et ses solutions sont disponibles dans 21 régions du monde. Ouverte et extensible, la plateforme de données Splunk prend en charge les données de tous les environnements pour donner à toutes les équipes d'une entreprise une visibilité complète et contextualisée sur l'ensemble des interactions et des processus métier. Splunk, une base solide pour vos données.